XI

 

Keck et Tuckman ignoraient ce qui attendait l’expédition. D’après leurs instruments, les nouvelles chutes du Rhin occupaient à peu près le même emplacement que celles de la vieille Europe, mais il ne s’agissait que d’une approximation grossière. D’ailleurs, les rapides bouillonnants qui avaient couru au pied de la cascade ne s’y trouvaient plus, à moins qu’ils ne fussent ensevelis sous un fleuve plus profond, plus lent. Sullivan estimait tenir là une preuve supplémentaire de l’évolution parallèle de la Darwinie avec l’ancienne Europe, le cours du Rhin ayant peut-être été modifié dans une certaine mesure par la chute à présent lointaine d’un unique rocher. Finch, lui, attribuait cette différence à l’absence d’intervention humaine.

« Sur l’autre Rhin, il y a eu des pêcheurs, des écluses, des bateaux, toutes sortes d’activités, pendant plus d’un millénaire. Évidemment, le fleuve en a été transformé. »

Tandis que cette Europe-ci demeurait vierge, édénique.

Guilford réservait son jugement. Les deux explications lui semblaient également raisonnables (ou déraisonnables). Il ne savait qu’une chose : il était fatigué. Fatigué de répartir les provisions dans les sacoches grossières des serpents à fourrure ; de charger et décharger les gros canots Stone-Galloway, dont la « légèreté » universellement vantée s’était révélée toute relative ; d’aller et de venir le long de la rangée d’animaux de bât tout en remontant, à pied, les chutes du Rhin sous une bruine débilitante.

Le groupe atteignit enfin une plage de cailloux aigus d’où les bateaux pourraient être lâchés en toute sécurité. Le chargement fut équitablement réparti entre les compartiments étanches des embarcations, en proue et en poupe, et les sacoches des serpents. Erasmus, qui mènerait les bêtes jusqu’à leurs pâturages d’été, à l’extrémité est du lac de Constance, avait accepté d’y retrouver l’expédition.

Il faudrait attendre le matin pour mettre les canots à l’eau. Les dernières lueurs du jour permettaient juste de monter les tentes, de soigner les nouvelles meurtrissures, d’ouvrir les boîtes de conserve, de contempler le fleuve gonflé, vert comme un dos de scarabée et large comme la baie de Boston, qui se précipitait vers les chutes.

 

Guilford ne se fiait pas totalement aux bateaux.

Preston Finch les avait commandés et baptisés : la Perspicacity, l’Orinoco, la Camille (d’après sa défunte épouse) et l’Ararat. Les moteurs, des prototypes, étaient puissants quoique de petite taille, leurs compartiments protégés de l’eau par une série de boucliers en grosse toile, les hélices abritées des cailloux par le talon de quille. Le photographe estimait que les embarcations se comporteraient bien si le fleuve restait relativement calme jusqu’au lac de Constance, mais seraient pires qu’inutiles dans des eaux agitées. Quant à l’avantage que présentait leur faible poids, l’obligation d’emporter des jerricans d’essence le réduisait à néant – non seulement ils pesaient fort lourd, mais ils occupaient en outre une place qui eût pu être mieux employée.

Toutefois, l’expédition dissimulerait près du lac les canots, qui seraient parfaitement adaptés au voyage de retour puisque portés par le courant, débarrassés des moteurs et de l’essence. Le premier jour, ils donnèrent toute satisfaction, malgré le hurlement assourdissant de la mécanique et l’infecte puanteur des gaz d’échappement. Guilford préférait se trouver très près de l’eau plutôt que loin au-dessus – s’intégrer au fleuve dont le flot lui résistait, les remous le berçaient, paille minuscule perdue dans une contrée immense. La pluie s’interrompit, le ciel s’éclaircit, les parois de la gorge se firent éclatantes, avec leurs plantes grimpantes et leur couronne d’arbres-pagodes tordus. À présent, Erasmus et ses serpents à fourrure devaient se trouver derrière les explorateurs. L’éleveur était sans doute le seul autre être humain à plus de cent kilomètres à la ronde, si l’on exceptait quelques partisans vagabonds. Nous voilà intégrés au continent, songea Guilford. À ces terres, cette eau, cet air.

 

Campement établi à la jonction d’un petit cours d’eau sans nom avec le Rhin. Retenue d’eau calme. Keck pêche des foufous bleus épineux. Pin-sauge miniature parmi les rochers, feuillage limite turquoise, réduit au nanisme par vent & pauvreté du sol.

Post-scriptum. Beaucoup de poissons qui donneront un bon dîner, bien que Diggs se plaigne de souffrir le martyre en les nettoyant. Offal pénètre dans le fleuve – les massetiques le chassent en aval. (Ils piquent quand on les provoque ; cette nuit, nous dormons sous moustiquaires. Autres insectes, pas franchement communs ni venimeux, quoiqu’une sorte de crabe se soit emparé d’un des poissons de Keck – l’attrapant depuis un caillou mouillé & s’empressant de se sauver dans l’eau avec son butin ! « De vraies pinces de homard », a dit Keck gaiement. « Attention à vos orteils, messieurs ! »)

 

Le jour suivant, des rapides contraignirent le groupe à avoir recours au portage, qui se révéla terrible sans bêtes de somme. Les quinze hommes tirèrent les bateaux sur la berge à la force du poignet puis firent des relevés alentour. Heureusement, la rive, couverte de galets, était toujours relativement large. Le bois flotté qu’on y trouvait, des troncs d’arbres-flûtes que les crues du printemps avaient jetés contre les parois de la gorge, servit de rouleaux transporteurs. La longue journée de portage n’en fut pas moins épuisante ; au crépuscule, Guilford conservait tout juste assez de forces pour traîner sous la moustiquaire son corps douloureux avant de sombrer dans le sommeil.

Au matin, Sullivan, Gillvany, Tom Compton et lui chargèrent la Perspicacity puis la propulsèrent dans les flots – dernier bateau à être mis à l’eau ; lorsqu’elle atteignit le milieu du Rhin, l’Ararat de Finch se trouvait déjà hors de vue, derrière le méandre suivant. Le fleuve, à cet endroit, était peu profond mais rapide, aussi Guilford s’installa-t-il à l’avant afin de guetter d’éventuels rochers, prêt à écarter avec une rame la proue de tout obstacle.

Ils progressaient de manière régulière contre le courant, quand le moteur toussa puis se tut.

Le silence soudain fit tressaillir le jeune homme. Il entendait à présent le bourdonnement de la Camille, une centaine de mètres devant lui, le clapotis de l’eau, et les jurons sans hargne de Sullivan, qui retirait la protection de toile afin d’ouvrir le compartiment moteur.

Privée de propulsion, la Perspicacity ralentit aussitôt, hésita un instant entre la vitesse acquise et le courant. La gorge s’immobilisa. Seule l’eau demeurait en mouvement. Nul ne prononçait une parole.

« Dégagez les autres rames, Mr. Gillvany, lança enfin Tom Compton. Il faut regagner la rive.

— C’est juste un fond d’eau, annonça Sullivan. Je devrais arriver à relancer le moteur. Je pense. »

Toutefois, Gillvany, qui n’aimait guère la navigation, hocha la tête et libéra les rames de leurs crochets.

Guilford se servit de la sienne pour faire pivoter le bateau puis prit le temps d’adresser des signaux aux occupants de la Camille pour les informer du problème. Keck lui répondit de même, avant d’entamer un demi-tour, mais son embarcation se trouvait déjà à une distance inquiétante. La rive défilait à présent en sens inverse. Le Rhin s’était rendu maître de la Perspicacity.

La plage caillouteuse d’où étaient partis les quatre hommes passa devant eux.

« Mon Dieu », gémit Gillvany, qui pagayait avec frénésie.

Sullivan, livide, abandonna le moteur pour s’emparer d’une rame.

« Allez-y régulièrement, conseilla Tom Compton, dont la voix de basse n’était pas sans évoquer le grondement de l’eau. Dès qu’on est assez près, je nous amarre. Passez-moi la bouline, là. »

Guilford pensait aux rapides. Ainsi, sans doute, que chacun de ses compagnons. Il en distinguait à présent les bouillonnements, ligne blanche où s’évanouissait l’eau du fleuve. La rive semblait toujours aussi lointaine.

« Calme ! aboya le broussard. Nom de Dieu, Gillvany, vous vous agitez comme un putain d’oiseau ! Enfoncez votre rame ! »

Le petit homme, sensible à la rebuffade, se mordit la lèvre et plongea profondément sa rame dans les flots. Guilford s’activait en silence, les bras douloureux. La sueur ruisselait sur son visage, sa bouche avait un goût de sel. Le matin avait perdu sa fraîcheur. Des oiseaux darwiniens, semblables à des pinsons d’un noir de charbon, filaient allègrement dans le ciel.

Le lit du Rhin se hérissait maintenant de rochers aussi aigus que des ailerons de requin, derrière lesquels flottait une écume blanche, tandis que la Perspicacity se rapprochait de la berge. Un craquement creux retentit à l’arrière du bateau.

« Le talon de quille, lança Sullivan dans un souffle. Souquez ! »

Vint ensuite, de l’avis de Guilford, le tour du gouvernail ; un frisson torturé secoua l’embarcation. Gillvany eut un hoquet, mais nul ne fit de commentaire. Le rugissement de l’eau devenait assourdissant.

La rive, un chaos d’énormes pierres, plus proche mais sinistre, défilait à une vitesse inquiétante. Tom Compton attrapa la bouline en jurant, se leva et bondit du bateau. Il atterrit avec une violence ravageuse sur un rocher au sommet plat, la corde se déroulant derrière lui tel un serpent furieux, tandis que Guilford pagayait en vain contre le courant. Le broussard reprit vivement son équilibre puis lança la bouline autour d’un éperon graniteux à l’instant précis où la Perspicacity la tendait brutalement. Le câble jaillit hors de l’eau dans une vibration musicale. Guilford s’arc-bouta, alors que le canot se cabrait et pivotait brutalement en direction de la rive. Sullivan tomba contre le bloc-moteur. Gillvany, pris de court, passa par-dessus bord.

Le photographe jeta une corde à l’eau près de l’endroit où s’était enfoncé son compagnon, mais l’entomologiste avait disparu – emporté par les flots verts rapides, sans laisser dans son sillage le moindre remous ou la plus légère écume.

Comme la Perspicacity, heurtant les rochers, gîtait sous la violente pression du Rhin, le jeune homme rassembla ses dernières forces pour se cramponner à un tolet.

 

Au-dessus des rapides sans nom, depuis maintenant deux jours. Perspicacity en réparation. Talon de quille et hélice seront remplacés par des pièces détachées.

Il n’en va pas de même de Gillvany.

Post-scriptum. Je ne connaissais pas très bien Tom Gillvany. C’était quelqu’un de discret et de studieux. Un érudit respecté dans sa partie, d’après le professeur Sullivan. Proie du fleuve. Nos recherches en aval ne nous ont pas permis de retrouver son corps. Je n’oublierai pas son sourire timide, sa discrétion, la franche fascination que lui inspirait le nouveau continent.

Nous le pleurons tous. L’atmosphère est sinistre.

 

Creux dans la paroi escarpée de la gorge, sorte de grotte naturelle, peu profonde mais aussi haute qu’une cathédrale : la Grotte Cathédrale, comme l’a baptisée Preston Finch. Tumulus de pierres à la mémoire du professeur Gillvany. Croix en bois flotté, légende gravée par Keck à la polka : À la mémoire du professeur Thomas Markland Gillvany, suivie de la date.

Post-scriptum. Si peu causants que nous soyons, nous n’entendons pas grand-chose d’autre que nos voix : le fleuve, le vent (la pluie, une fois de plus, nous a rattrapés), Diggs qui fredonne Rock of Ages[6] en entretenant le feu.

Ce continent a fait couler notre sang.

Demain, si tout va bien, nous repartons. De l’avant. Ma femme et ma fille me manquent.

 

Passé minuit, Guilford, incapable de trouver le sommeil, sortit de sa tente et, évitant les braises du feu de camp, se dirigea vers la bouche de la caverne que découpait la froide clarté lunaire. Sullivan, assis là, braquait sur le ciel nocturne un petit télescope de cuivre. La pluie avait cessé. Des nuages effilochés en queues de cheval passaient devant la lune. La majeure partie des cieux, au-dessus de la gorge, scintillait d’étoiles. Guilford se racla la gorge en s’installant parmi le sable et les cailloux.

Son aîné lui jeta un bref regard.

« Bonsoir, Guilford. Faites attention aux massetiques. Quoiqu’ils ne soient guère nombreux, cette nuit. Le vent les gêne.

— Seriez-vous astronome en même temps que botaniste, professeur Sullivan ?

— Non, juste amateur d’étoiles. Et c’est une planète que j’observe, pas une étoile. »

Comme le jeune homme demandait à quel corps céleste son compagnon se consacrait, ce dernier lui répondit qu’il s’agissait de Mars.

« La planète rouge », commenta Guilford, résumant ainsi tout ce qu’il en savait – outre le fait qu’elle possédait deux lunes et avait fourni à Burroughs ainsi qu’à Wells, un Anglais, matière à quelques œuvres de bon aloi.

« Elle n’est plus aussi rouge qu’elle l’a été, dit Sullivan. En fait, elle a foncé, depuis le miracle.

— Foncé ?

— Il y a des saisons sur Mars, tout comme sur Terre. Les calottes glaciaires s’y amenuisent en été, tandis que les zones plus sombres s’agrandissent. La teinte de la planète, sans doute due à un désert de fer oxydé, s’est atténuée ces dernières années. » Sullivan appuya le télescope contre son genou. « On a observé des taches bleues. La modification a été mesurée au spectrographe ; l’œil est un peu moins sensible.

— Que signifie-t-elle ? »

Il haussa les épaules.

« Nul ne le sait. »

Guilford leva les yeux vers le ciel argenté de lune. La conversion de l’Europe était déjà assez mystérieuse. La pensée qu’une autre planète était peut-être devenue de même étrange et sauvage avait quelque chose d’intimidant.

« Pourrais-je vous emprunter votre télescope, professeur Sullivan ? J’aimerais bien voir Mars, moi aussi. »

Il regarderait le mystère en face ; son courage irait au moins jusque-là.

Mais Mars n’était qu’un point lumineux mouvant, perdu dans les cieux darwiniens, le vent était froid, le professeur Sullivan peu loquace ; Guilford finit par regagner sa tente, où il sombra dans un sommeil agité.

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